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cacha point au fermier qu’il lui faudrait veiller avec soin, car les bandits auxquels Louis avait si miraculeusement échappé étaient parfaitement capables d’attaquer la ferme pour reprendre le fugitif, s’ils se doutaient qu’il eût trouvé là un asile.

— Soyez tranquille, répondit Joseph Dufour, nous ferons bonne garde, et s’ils viennent, nous les recevrons en gens de cœur.

— Je n’en doute pas, mon ami, dit affectueusement le chasseur, aussi partirai-je sans crainte.

— Ne resterez-vous pas quelques jours ici ?

— C’est impossible, car je dois me rendre à un endroit convenu pour attendre mon ami Taréas, que j’ai envoyé à Québec chercher le colonel. Je partirai donc demain, au lever du soleil.

— Puisque vous allez au-devant de mon père, dit Louis, emmenez-moi avec vous.

— Je ne le puis, car j’ignore le jour de son arrivée, qui, pourtant, ne tardera pas. Seul, je me tirerai toujours d’affaire, tandis qu’avec vous…

— C’est vrai, ces misérables me cherchent.

— Ne vous faites donc pas de mauvais sang et attendez patiemment la fin de tout ceci.

Il était tard. On se serra la main en se souhaitant le bonsoir, et le fermier conduisit son hôte dans une petite chambre que, sur son ordre, un domestique avait préparée.