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Tout à coup, une pensée non moins affreuse se présenta à son esprit.

— Les pirates sont à sa poursuite, murmura-t-il, s’il le retrouvent, que feront-ils ?…

En effet, deux hypothèses, étaient admissibles. Certains d’obtenir une riche rançon, les bandits pouvaient fort bien avoir pour leur prisonnier les plus grands égards, comme ils pouvaient aussi le sacrifier à leur fureur.

Il fut soudain tiré de ses réflexions par un bruit léger qu’il reconnut sans doute, car il ne fit aucun mouvement.

Bientôt les branches d’un fourré s’écartèrent, et un homme parut.

Cet homme, c’était Taréas.

Selon la coutume indienne, il s’assit en silence, bourra son calumet, l’alluma et se mit à fumer.

Le chasseur connaissait trop bien les habitudes des Indiens pour interrompra son ami pendant cette occupation.

Enfin, quand Taréas eut fumé son calumet, il le repassa à sa ceinture et regarda le chasseur d’un air interrogateur.

— Quoi de nouveau ? demanda ce dernier.

— Rien, répondit gravement Taréas.

— J’ai été plus heureux que vous.

— Que mon frère parle, mes oreilles sont ouvertes.

Sans-Peur raconta à son ami ce qu’il avait appris par le bandit.

Quand il eut achevé son récit, le chef le regarda fixement.

— Que compte faire mon frère ? dit-il.

— Ma foi ! il ne nous reste qu’une ressource : longer les rives jusqu’à ce que nous ayons trouvé l’endroit où le jeune homme a atterri.

— Et si les bandits ont retrouvé le prisonnier ?…

— Vous avez raison, le cas sera grave.

— Peut-être serait-il bon de prévenir le guerrier blanc.

— C’est une idée. Mais lequel de nous se rendra à Québec.