Page:Ville - Le chef des Hurons, 1900.djvu/128

Cette page a été validée par deux contributeurs.
128
le chef des hurons

— Je vous assure qu’il ne dépendra pas de moi que nous ne nous revoyions plus.

Le chasseur se leva, en faisant signe au bandit d’en faire autant.

Ce dernier ne se fit pas prier. D’un bond il fut sur ses pieds.

— Reprenez vos armes, dit Sans-Peur en lui présentant le couteau et les pistolets qu’il lui avait enlevés.

— Merci, dit le bandit en repassant ses armes à sa ceinture.

— Ramassez votre fusil.

Le bandit obéit, puis il resta immobile.

— Maintenant, dit froidement Sans-Peur, partez.

Le bandit fit un salut de la tête et s’éloigna d’un pas rapide. Mais il n’avait pas fait vingt pas qu’il se retournait et, épaulant son fusil, une balle sifflait à l’oreille du chasseur.

Ce dernier était heureusement sur ses gardes.

Il épaula son fusil et fit feu.

Le bandit tomba en poussant un cri de rage.

— Vous êtes trop imprudent, cher ami, dit Sans-Peur d’un ton goguenard, tout en rechargeant son arme, tandis que le bandit se tordait dans les convulsions de l’agonie.

Le chasseur jeta sa carabine en bandoulière et s’éloigna sans plus s’occuper du misérable qui avait tenté de l’assassiner, et qui, par un juste retour des choses d’ici-bas, était puni par où il avait péché.

Après avoir marché pendant quelque temps, il retourna à la clairière où le chef devait le rejoindre.

Explorer la plaine était inutile. Après ce qu’il venait d’apprendre, il ne restait autre chose à faire que de suivre les bords de la rivière afin de découvrir l’endroit où le jeune homme avait abordé. Une fois sur sa piste, on le retrouverait facilement, à moins qu’il ne fût tombé sous la griffe d’un fauve.

Cette pensée fit passer un frisson dans les veines du brave chasseur.