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le chef des hurons

Le ton narquois de son interlocuteur qu’il connaissait de longue date ne le rassurait que médiocrement.

— J’oubliais de vous faire une petite recommandation, dit Sans-Peur.

— Laquelle ?

— C’est de ne faire aucun mouvement qui ressemble à une tentative de fuite. Si je vous dis cela, c’est pour n’être pas obligé de vous envoyer une balle dans le corps ; ce dont je serais vraiment désolé, car cela priverait le désert d’un de ses plus beaux ornements. Les voyageurs m’en sauraient probablement gré, mais vos amis ne me le pardonneraient jamais.

— Moi non plus !

— Ainsi donc, causons comme de vieilles connaissances que nous sommes et faites en sorte que vos paroles soient intéressantes pour moi ; car je n’ai pas de temps à perdre.

— Vous serez satisfait, je vous en réponds.

— Je l’espère pour vous. Parlez donc, je vous écoute.

— Vous cherchez le fils du colonel, n’est-ce pas ?

— Oui. Après.

— Que désirez-vous savoir ?

— Où il est en ce moment.

— Je ne puis vous le dire.

— Ah ! ah ! fit le chasseur en fronçant les sourcils voilà les réticences qui commencent.

— Pas le moins du monde. Je vous connais trop bien pour ruser avec vous. Je vous ai dit que je ne pouvais vous renseigner sur l’endroit où se trouve en ce moment le jeune homme que vous cherchez, c’est la vérité, car il nous a faussé compagnie hier.

— Comment cela est-il arrivé ?

— Oh ! d’une manière bien simple. James avait retiré d’un arbre une pirogue qu’il y avait cachée dernièrement ; mais au moment où il y faisait monter le prisonnier, celui-ci, d’un