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un excellent remède

pas. Ainsi que l’avait dit Taréas, le jeune homme avait dû reprendre terre assez rapidement, car ses mains inhabiles à manier des pagaies n’avaient pu lui permettre d’aller loin, indépendamment du manque de provisions. Sans armes, le désert ne lui offrait guère plus de ressource que le fleuve, mais ne pouvait-il avoir espéré trouver quelques fruits ou racines sauvages qui lui permissent d’apaiser sa faim ?

Tout à coup, le chasseur s’arrêta et pencha le corps en avant, l’oreille tendue.

Il était midi. Une chaleur étouffante semblait avoir endormi la création tout entière. Le vent bruissait à peine dans les feuilles. Cependant, Sans-Peur restait immobile, écoutant toujours.

Il se trouvait à l’entrée d’une épaisse forêt que ne troublait même pas le gazouillis d’un oiseau.

Le chasseur s’étendit sur le sol et se mit à ramper comme un serpent, contournant les arbres et se glissant sans bruit à travers les buissons.

Cette marche pénible et silencieuse dura plus d’un quart d’heure.

Soudain, il s’arrêta, retenant sa respiration. À dix pas de lui, deux hommes causaient avec animation.

— Ainsi, dit l’un en se levant, tu es bien décidé ?

— Tout ce qu’il y a de plus décidé. Tu comprends bien que je ne me soucie pas d’aller donner seul dans un parti de chasseurs. Je sais bien que, tôt ou tard, je serai accroché à un de ces beaux arbres qui, en ce moment, projettent sur nos têtes leur ombre bienfaisante, mais je préfère que ce soit tard, très tard même. Que veux-tu, j’ai la faiblesse de tenir à la vie d’une manière ridicule.

— Alors, que vas-tu faire ?

— Je vais dormir tranquillement jusqu’à ce soir, et je retournerai à la caverne.

— Ne crains-tu pas les reproches de James ?