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le chef des hurons

Le chef garda le silence, attendant que son ami s’expliquât plus clairement.

— Évidemment, reprit le chasseur, notre jeune homme a pris place dans une pirogue, puisque sa piste s’arrête ici ; mais pourquoi s’est-il éloigné seul ? Les bandits qui l’ont enlevé n’ont pu pousser la complaisance jusqu’à lui fournir les moyens de leur fausser compagnie. Pourtant, je le répète, il est parti seul, car son empreinte est la seule qui manque.

Les deux amis se concertèrent quelques minutes, puis ils s’éloignèrent en suivant les traces laissées par James et ses compagnons.

À minuit, ils étaient à une portée de fusil de la caverne du jaguar, que tous deux connaissaient bien.

— Ils sont là, dit Sans-Peur en désignant la caverne.

— Je le crois comme mon frère, répondit le chef d’un accent convaincu.

— Il serait imprudent de nous approcher plus près. Retournons donc un peu en arrière, afin de tenir conseil, car la situation commence à devenir difficile.

Sans-Peur et Taréas retournèrent sur leurs pas.

Après une demi-heure de marche, ils firent halte dans une petite clairière entourée d’épais fourrés.

Les deux hommes s’accroupirent à terre, placèrent leur fusil à portée de la main, bourrèrent leur calumet et se mirent à fumer.

Au bout d’un instant, Sans-Peur rompit brusquement le silence.

— Selon vous, que devons-nous faire ? demanda-t-il à Taréas. Le Huron tira quelques bouffées de fumée, puis il dit d’une voix gutturale :

— Que mon frère ouvre ses oreilles, un chef va parler.

— Je vous écoute, dit Sans-Peur en s’accoudant sur l’herbe.

— Au point du jour, mon frère et moi partirons dans deux directions différentes, mais en décrivant une grande courbe