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le chef des hurons

je m’entendrai avec lui pour qu’il vous conduise près de votre père.

— Ce moyen est en effet le meilleur.

— Alors, vous consentez ?

— Absolument ; en vous priant, toutefois d’accepter à l’avance mes remerciements pour votre généreuse hospitalité.

— Bah ! dit gaiement le Canadien, ne doit-on pas s’entr’aider les uns les autres ?

— C’est une maxime évangélique que vous pratiquez noblement.

— Ainsi donc, c’est entendu : vous restez avec nous.

Après avoir fait de la main un signe amical, le chef de famille se leva et alla donner ses instructions à ses serviteurs, en vue d’une installation définitive.

En moins de huit jours, la plaine fut changée du tout au tout, grâce à cette merveilleuse activité que les pionniers américains possèdent à un si haut degré.

Un moulin à eau était installé sur le bord de la rivière. Des arbres énormes, transportés là, étaient aussitôt débités en planches et poutres, avec lesquelles on construisait les bâtiments d’habitation. Déjà les laboureurs traçaient dans la plaine les sillons qui devaient servir de berceau à la moisson blonde.

Le centre du défrichement, c’est-à-dire les bâtiments, les écuries et les cours, était entourés d’un solide retranchement protégé par un fossé large et profond, que l’on franchissait à l’aide d’un pont-levis relevé chaque soir.

Deux sentinelles, relevées toutes les heures, veillaient, pendant la nuit, au salut commun.

Louis était complètement remis de ses fatigues. N’eût été le souvenir de son père et la pensée des angoisses qui devaient étreindre son cœur, il se fût trouvé parfaitement heureux. La famille Dufour le traitait comme s’il eût été de la famille, et cela avec des attentions d’une délicatesse inouïe, évitant avec soin toute allusion à ses souffrances passées.