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HURONS ET IROQUOIS

— Sans-Peur ! s’écria-t-il enfin. Mon frère est ce célèbre chasseur !

— Pourquoi vous le dirais-je s’il en était autrement !

— Dans huit soleils, tous les Hurons sauront que Sans-Peur a sauvé leur chef.

Puis, détachant de son cou une amulette formée d’une griffe d’ours-gris, suspendue à un mince cordon de cuir, il la lui présenta.

— Que mon frère prenne ce Wampum, dit-il ; il n’aura qu’à le montrer aux Hurons pour qu’ils lui obéissent comme à moi-même.

Sans-Peur prit l’amulette avec un vif mouvement de joie et la passa à son cou.

Cette amulette pouvait, à un moment donné, lui être fort utile ; aussi remercia-t-il sincèrement le Huron, à qui, à son tour, il offrit son couteau.

— Merci, dit le chef, mais que mon frère prenne le mien, car un guerrier doit toujours être armé.

Puis, prenant les deux mains du chasseur dans les siennes, il le baisa sur les yeux et sur la bouche.

Ces deux hommes étaient désormais liés d’une amitié que rien ne devait briser.

Taréas n’était pas, comme le chasseur, un homme de haute stature ; mais sa taille, bien que ne dépassant pas la moyenne, semblait douée d’une vigueur peu ordinaire ; de plus, son regard noir et fier avait quelque chose de magnétique qui faisait pressentir une intelligence supérieure, et, quoiqu’il eût à peine trente ans, on n’était nullement étonné, dès qu’on le voyait, d’apprendre qu’il fût le grand chef des Hurons, cette nation courageuse qui nous rendit tant de services pendant la longue et sanglante guerre que nous eûmes à soutenir contre les Anglais.

Après un instant de silence, Sans-Peur questionna le chef.

— Comment se fait-il que je vous aie trouvé ainsi aux prises avec les Iroquois ?

— Je suivais leur piste depuis ce matin, quand le hasard nous