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la famille dufour

— Ce jeune homme meurt de faim

— Tu crois ?

— Regarde ses traits contractés et amaigris, son visage livide ; voilà la cause de son évanouissement. Vite, ajouta-t-elle en s’adressant à ses fils, préparez-lui à manger, pendant que je vais lui faire prendre un cordial.

Grâce aux soins qui lui furent prodigués, l’inconnu revint bientôt à lui.

Il essaya de se soulever, mais sa tête retomba lourdement sur le brancard. Alors il promena autour de lui un regard vague en murmurant d’une voix faible :

— Où suis-je ?

— Avec des amis, dit Mme Dufour qui, en entendant cette interrogation faite en français, comprit qu’elle avait affaire à un compatriote.

La réponse de la brave dame amena un sourire sur les lèvres pâles du jeune homme, qui referma les yeux et s’endormit.

— Laissez-le dormir, dit Mme Dufour. Quand il se réveillera, nous lui ferons prendre un peu de nourriture. Maintenant, ajouta-t-elle en s’adressant à Gabriel, raconte-nous comment vous avez trouvé ce malheureux.

— Nous étions partis depuis une demi-heure, quand nous entendîmes, à peu de distance, un bruit de pas. Ignorant à qui nous avions affaire, nous armâmes nos fusils, en nous jetant au milieu d’un épais fourré. Au bout d’un instant, nous vîmes ce jeune homme s’approcher en chancelant : puis il s’arrêta tout à coup, leva les bras vers le ciel en poussant un gémissement, tomba comme une masse. Nous courûmes vers lui afin de lui porter secours, mais il n’avait aucune blessure. Alors nous avons cassé des branches d’arbres pour en former un brancard, afin de transporter ici ce pauvre jeune homme.

— Vous avez bien fait, mes enfants, dit doucement Mme Dufour : au désert comme ailleurs on doit aide et protection à son prochain.