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la famille dufour

— Tu te trompes, Charles, dit l’un ; c’est justement parce que ces parages sont superbes que nous aurions tort de pousser plus loin. D’ailleurs, nous venons ici non pour admirer le paysage, mais pour travailler.

Les parents avaient écouté en souriant cette petite discussion. Mais en entendant la réponse de Jules, le père s’écria joyeusement :

— Bien parlé, garçon ! Comme tu l’as dit, nous ne sommes venus au désert que pour gagner notre vie, et non pour admirer les fleurs ou les arbres. Du reste, si Charles l’a oublié, voilà qui va lui rafraîchir la mémoire.

Et de la main il désigna une troupe qui paraissait au loin.

Cette troupe se composait d’une vingtaine de serviteurs à cheval, conduisant des mules dont le pas était ralenti par un lourd chargement.

Une demi-heure plus tard, les domestiques avaient rejoint leurs maîtres.

Les bœufs furent dételés et placés, ainsi que les chevaux, dans un vaste cercle formé par les chariots. Puis les tentes furent dressées rapidement.

— Père, dit Gabriel, voulez-vous que j’aille abattre deux ou trois pièces de gibier pour le souper ?

— Va, mon garçon, dit Joseph Dufour, mais ne t’éloigne pas trop ; nous ne savons encore quels sont nos voisins. Si ce sont des Hurons, tant mieux ; mais si ce sont des Sioux ou des Iroquois, nous ne devrons pas négliger les précautions.

— Soyez tranquille, père, je serai prudent.

— Veux-tu que je t’accompagne ? dit le jeune Charles.

— Viens si tu veux, répondit le frère aîné.

Les deux jeunes gens visitèrent leurs armes, puis ils s’éloignèrent pédestrement du côté d’un bois touffu qui s’élevait à un kilomètre du campement.

En attendant leur retour, les feux furent allumés et les tentes munies de tout ce qui était nécessaire pour passer la nuit