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le chef des hurons

Ces cavaliers, dont le plus jeune pouvait avoir dix-huit ans et le plus âgé vingt-cinq, étaient les fils de Joseph Dufour. À chaque regard de leur père, ils répondaient par un affectueux sourire.

Soudain, Joseph Dufour s’arrêta et fit signe à ses fils d’arrêter la caravane.

Aussitôt, une femme de quarante-cinq ans environ, qui se tenait assise dans le premier chariot, se leva.

— Eh bien, Joseph, dit-elle doucement, pourquoi nous arrêtons-nous ?

— Parce que nulle part nous ne trouverons un plus magnifique emplacement.

La femme promena autour d’elle un regard investigateur.

— En effet, dit-elle au bout de quelques minutes, cette situation est merveilleuse.

Puis, poussant un cri de joyeuse surprise.

— Vois donc, Joseph, dit-elle, cette belle rivière !

— C’est la rivière des Cèdres, ma chère Louise ; et c’est justement pour cette raison que nous n’irons pas plus loin. La végétation qui nous entoure prouve que cette terre est riche et convient à un défrichement.

Les quatre cavaliers s’approchèrent de leur père.

— Ainsi, dit le plus jeune, nous allons nous fixer ici ?

— Mon Dieu ! oui.

— Pourquoi ne pas nous enfoncer plus avant dans les terres ?

— Parce que cela me semble inutile.

Le jeune homme fit la moue.

— Charles n’est jamais content, dit en riant l’aîné, robuste gaillard qui répondait au nom harmonieux de Gabriel.

— J’avoue que j’eusse préféré aller plus loin, car les solitudes que nous parcourons en ce moment sont vraiment admirables ! Je suis certain que Jules et Henri sont de mon avis, ajouta-t-il en se tournant vers ses deux autres frères, qui écoutaient silencieusement.