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le chef des hurons

— Voyons, dit-il brutalement, êtes-vous des hommes ou des femmes peureuses ?

— Nous sommes des hommes, répondit froidement un pirate, mais nous ne nous soucions nullement de faire connaissance avec la corde. Ceux d’entre nous qui seront pris par les chasseurs seront immédiatement exécutés d’après la loi de Lynch. Or, cette perspective ne nous sourit nullement.

— Ainsi, vous refusez !

— Oui, dirent nettement les bandits.

— Puisqu’il en est ainsi, je ne suis plus votre chef. Je veux bien commander à des hommes, mais je renonce à marcher plus longtemps avec des poltrons.

À cette injure, les bandits pâlirent. Plusieurs portèrent la main à leur couteau.

Mais James, debout et les bras croisés, promena sur eux un regard énergique.

— Ah ça ! mes maîtres, dit-il d’un ton goguenard, je crois que vous vous fâchez. Trouvez donc un autre nom qui soit applicable à des hommes que le danger fait reculer. J’ai dit que vous êtes des poltrons ; je maintiens le mot, jusqu’à ce que vous m’ayez prouvé le contraire.

Les bandits baissèrent la tête.

James sourit, jouissant de son triomphe.

Au bout d’un instant, il reprit :

— Vais-je vous quitter pour toujours ou m’obéirez-vous ?

— Nous quitter ! s’écria le lieutenant. Mais tu sais bien que nous ne te laisserons pas partir.

— Oui ! oui ! s’écrièrent les bandits, honteux de la faiblesse dont ils avaient fait preuve ; reste avec nous !

— Vous engagez-vous à ne plus discuter mes ordres ?

— Nous le jurons ! firent-ils tous d’une seule voix.

— À la bonne heure ! Je retrouve mes vaillants compagnons. Oublions donc ce qui vient de se passer. Que chacun se repose