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deuxième voyage

de ces arbres rachitiques dont le pays était parsemé de loin en loin, le capitaine les faisait abattre et placer sur les chaloupes qui, pour la plupart, étaient complètement vides.

Ce bois servait à allumer de grands feux pour la halte de nuit. La chaleur qui s’en dégageait faisait fondre la neige et déblayait le terrain.

Un matin, deux matelots furent trouvés morts de froid. Cette vue causa une consternation générale. Ainsi, en se couchant, l’on n’était jamais sûr de se réveiller.

Cette fois encore, le capitaine dut employer toute son énergie pour raffermir les cœurs défaillants.

Il expliqua que quelques jours de marche seulement les séparaient du Caïman, où l’on serait à l’abri de tout danger, mais à la condition que l’on ne se laissât point abattre et que chacun fît courageusement son devoir.

Après ces exhortations, il fit distribuer du café additionné d’une forte dose de rhum, réactif qui produisit bientôt un heureux effet, et l’on put se remettre en route avec la ferme volonté de faire bravement tête aux derniers obstacles qu’il restait à surmonter pour sortir définitivement de cet affreux pays où l’on rencontrait partout la mort sous les formes les plus hideuses.

La petite troupe atteignit enfin la rivière Rouge.

Après avoir fait sonder la glace, Vernier reconnut qu’un passage pouvait être pratiqué comme sur la rivière Plumée, ce qui fut fait en moins de deux heures. Cette fois, il n’y eut à déplorer aucun accident d’homme, mais, en revanche, deux chaloupes contenant les dernières provisions chavirèrent par suite d’une fausse manœuvre.