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deuxième voyage

vement suivie, mais, cette fois, sans la moindre hésitation, car les traces du passage précédent étaient assez visibles pour que l’on ne craignît point de s’égarer, ce qui eut pour résultat d’abréger de deux jours le voyage.

Bien que l’on n’eût autrefois rencontré aucun ennemi, Vernier n’en avait pas moins armé encore ses matelots, et bien lui en prit, car en arrivant à l’endroit où il avait fait sa première récolte aurifère, il se trouva face à face avec une quarantaine d’hommes à face patibulaire, dont la présence en ces lieux ne présageait rien de bon.

Il fit arrêter sa troupe à cent pas des inconnus et se disposa à entrer en pourparlers avec eux. Mais il n’en eut pas le temps ; un homme se détacha de ses compagnons et s’avança rapidement.

— Que venez-vous faire ici ? demanda-t-il brutalement en anglais à Vernier, qui, justement, comprenait et parlait couramment cette langue.

— Monsieur, répondit froidement le capitaine, j’ai pour habitude de ne répondre aux gens que lorsqu’ils s’expriment sur un ton poli.

By God ! rugit l’inconnu, je ne sais ce qui me retient de vous loger une balle dans la tête.

— Essayez, dit Vernier en tirant de sa ceinture un revolver qu’il arma.

Les deux hommes se considérèrent, les yeux dans les yeux, avec un silence inquiétant.

Les porteurs, que Vernier avait jugé prudent de ne point armer, prirent du champ et les matelots restèrent seuls groupés derrière leurs chefs, avec, à leur tête, le comte flanqué de son fidèle Valentin.