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mois, sans que le moindre incident vint troubler la monotonie du voyage. C’était toujours le même ciel, la même mer calme à la robe de saphir, qu’une légère écume à la crête des vagues semblait orner d’une dentelle.

Enfin, à la satisfaction générale, le Caïman déboucha un jour dans la mer Arctique, filant droit sur la baie de Mackenzie, où l’ancre tomba un soir, au milieu des cris de joie des matelots énervés par cette longue route.

Instruit par l’expérience, Vernier visita soigneusement les affûts destinés à supporter les chaloupes et en fit consolider plusieurs, afin d’éviter les inconvénients qui avaient résulté de la rupture de quelques essieux, lors du précédent voyage.

Le comte trépignait d’impatience, mais Vernier n’y prenait garde. La responsabilité qui lui incombait était assez lourde pour qu’il n’attachât aucune importance à la nervosité de son ami.

— Descendrons-nous enfin à terre ? lui demandait parfois ce dernier.

— Quand tout sera prêt, répondait invariablement le capitaine.

Et il continuait de donner ses ordres et de vérifier le matériel avec la plus scrupuleuse attention.

Lorsque les porteurs engagés furent à bord, on commença de transporter à terre tout ce qui était nécessaire pour l’expédition. Comme la première fois, les matelots qui devaient suivre le capitaine furent tirés au sort, et le Parisien fut encore désigné, à la grande joie de Valentin, qui ne fraternisait qu’avec lui.

Enfin, l’on quitta la côte et l’on reprit la route primiti-