Page:Ville - Au Klondyke, 1898.djvu/77

Cette page a été validée par deux contributeurs.
79
l’homme n’est jamais content
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

— Monsieur, fit gravement le prêtre, les prières sont aussi agréables au Seigneur, venant d’une humble église de village que d’une basilique.

— Je le sais, aussi n’ai-je voulu que vous prouver mon estime.

— Vous me la prouveriez bien davantage en suivant mes conseils.

— Vous en demandez trop, dit M. de Navailles en tendant la main au curé, qui s’était levé pour prendre congé.

Quand les deux amis furent seuls, Vernier, qui s’était levé pour saluer le prêtre, reprit sa place et regarda le comte bien en face.

— Ainsi, dit-il, tu es complètement résolu à faire un second voyage ?

— Oui, dit nettement le jeune homme.

— C’est bien : que notre destinée s’accomplisse.

— Ce qui veut dire ?…

— Que je ne te laisserai point partir seul.

Allons donc ! s’écria joyeusement le comte, je savais bien que tu finirais par te ranger à mon avis.

— Tu te trompes ; je ne partage nullement ta manière de voir : j’ai la conviction que tu vas faire une sottise, mais je suis trop ton ami pour ne pas veiller sur toi. Il est bien certain qu’avec le Caïman et un bon capitaine pour le commander tu pourrais, au besoin, te passer de moi, puisque tu connais la route à suivre, pourtant, je crois pouvoir t’empêcher de faire quelques folies, car, il faut bien le reconnaître, tu n’as pas l’étoffe d’un chef d’expédition.