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l’homme n’est jamais content
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Valentin, montaient dans le train qui devait les emporter vers la Bourgogne.

Prévenu de leur arrivée, les bons paysans de cette jolie contrée avaient organisé une petite fête pour saluer l’héritier des comtes de Navailles, qu’ils avaient pensé perdre à jamais le jour où le château avait été vendu.

Quand la voiture qui amenait les voyageurs de la gare arriva en vue du château, un groupe de jeunes filles offrit au comte un superbe bouquet, tandis que trois violons faisaient entendre leurs plus joyeux airs, et que les paysans criaient à pleins poumons :

— Vive monsieur le comte !

Cette réception, à laquelle il s’attendait si peu, toucha profondément le cœur du frivole jeune homme. Les cris des vignerons, les robes blanches des jeunes filles, les senteurs printanières, tout cela parlait délicieusement à l’âme ; aussi, le comte se demanda-t-il sérieusement si ce bonheur champêtre, si simple et si doux, n’était point préférable à tout ce qu’il avait rêvé.

Pour remercier les villageois, le comte fit organiser immédiatement des réjouissances dans la cour du château, et ce fut lui qui, après le souper, ouvrit le bal au son des violons, dont les braves musiciens jouaient avec plus d’entrain que d’accord.

Vernier était enchanté de son ami, qui semblait prendre un plaisir extrême à se retremper au souffle de cette calme et ravissante nature. Mais, hélas ! cet accès de sagesse ne dura pas, et le comte ressentit bientôt les atteintes de l’ennui. Huit jours s’étaient à peine écoulés, qu’il regrettait Paris, seul endroit où, selon lui, il fut possible de vivre.