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au klondyke

— Ainsi, tu trouves que j’ai payé trop cher les témoignages de sympathie que j’ai recueillis ce soir et qui m’ont prouvé que, quoique absent, on pensait toujours à moi ?

— Aveugle, qui ne veut voir que ce qui peut flatter sa vanité, dit Vernier en haussant les épaules.

— Ma foi ! dit le comte avec humeur, je ne comprends rien à ta sortie que je n’hésite pas à qualifier d’étrange, pour ne pas dire intempestive.

— C’est que, plus indifférent que toi, j’ai vu, ce soir, autre chose que les sourires de commande qui ont si fort chatouillé ton amour-propre.

— Et qu’as-tu vu ?… voyons, raconte-moi cela, dit le comte en s’allongeant nonchalamment sur un canapé.

— Vu n’est pas exact ; je voulais dire entendu.

— Alors qu’as-tu entendu ?

— Des propos qui, si tu les avais remarqués comme moi, t’eussent fait monter au front le rouge de l’indignation.

— Explique-toi plus nettement, s’écria le comte en se dressant d’un bond… D’abord, quel est le misérable qui a osé tenir sur moi des propos injurieux ?

— Que veux-tu lui faire ? demanda tranquillement Vernier.

— Je lui ferai rentrer ses paroles dans la gorge ! s’écria M. de Navailles, hors de lui.

— Eh bien ! répondit Vernier, de plus en plus calme, extermine donc tous tes invités car il n’y avait qu’une voix pour suspecter l’origine de ta fortune.

— Enfin, que disait-on ?