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la moisson d’or

À ce moment, le sifflet du maître d’équipage appela les tribordais sur le pont.

Le Parisien se leva vivement et alla se joindre à ses camarades, qui sortaient des écoutilles.

Cependant le Caïman continuait de voguer rapidement sous un ciel limpide qui faisait oublier aux matelots les brumes glaciales du Youkon.

Un matin, le soleil, en dissipant le brouillard, montra les côtes de France.

À la vue de la terre natale et des nombreux navires qui sillonnaient la mer, les uns sortant du Havre, les autres s’y rendant, l’équipage du Caïman poussa des cris d’allégresse et se livra à toutes sortes de cabrioles à rendre jaloux une bande de singes. C’est que, après une longue absence, il est bien doux de revoir la Patrie, où vivent ceux que l’on aime, où dorment ceux que l’on a aimés. Les êtres chers qui vous attendent, on va les revoir, les embrasser, leur conter ses aventures, en les brodant un peu, par exemple, mais l’on est si heureux de se voir réunis, que les récits les plus invraisemblables ne rencontrent que des auditeurs attentifs.

Plus calmes que leurs matelots, Vernier et le comte ne se livraient à aucune de ces excentricités que cause un bonheur longtemps attendu, mais leurs sourires, leurs regards disaient assez que leur cœur partageait l’enthousiasme général.

Quelques heures plus tard, le Caïman entrait dans le port, toutes voiles carguées, mû seulement par la vapeur.