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au klondyke

— Maintenant, dit-il, ça va mieux… C’est égal, l’homme est une bien vilaine bête et toujours prêt à commettre une sottise.

— Ainsi, dit Valentin, tu donneras tout ton argent à ta mère ?

— Sans en soustraire une centime, oui, mon vieux.

— C’est bien cela.

— Tu trouves ?… Allons ça me fait plaisir ; c’est que vois-tu, si la tête est folle, le cœur est bon : ainsi, toi, je t’ai fait pas mal de misères, eh bien ! foi de marin ! je le regrette, car tu es un charmant garçon !

— Tu exagères, dit modestement Valentin, tu exagères.

— Mais non, mais non ; je sais ce que je dis… Tiens, voilà, là-bas, le Gascon : nous allons rire… Eh ! Gascon ! cria-t-il à un matelot qui semblait rêver au pied du grand mât, mets la barre sur le gaillard d’avant et viens nous accoster.

Le matelot s’approcha lentement.

— Qu’est-ce que tu veux ? demanda-t-il d’un ton maussade.

— Je veux te demander où en est ton château… Le plan en est-il fait et as-tu décidé quelle serait l’étendue de tes domaines ?

— Tu te moques de moi, n’est-ce pas ? répliqua le Gascon d’un ton aigre. Tu as bien raison, car il faut être fameusement godiche pour risquer sa peau uniquement pour enrichir les autres.

— De qui parles-tu ?

— Du capitaine et de son ami… Dire que ces gens-là