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au klondyke

Au premier étage d’un vieil hôtel de la rue de Grenelle, un homme paraissant âgé de vingt-cinq ans, aux traits fins et distingués, était assis dans un moelleux fauteuil, à l’angle d’une cheminée où pétillait un feu clair.

Cet homme était le comte Henri de Navailles.

Son visage d’une pâleur mate, faisait ressortir la nuance d’un noir de jais de ses cheveux bouclés et de sa fine moustache coquettement relevée.

Le cabinet dans lequel se tenait le comte était meublé avec tout le luxe confortable moderne.

Sur une petite table, à deux pas du jeune homme, étaient un pistolet et une feuille de papier timbré, faiblement éclairés par la lueur de deux bougies roses qui brûlaient dans un candélabre placé sur la cheminée.

Le comte semblait plongé dans de sombres pensées, car il releva soudain la tête en murmurant d’une voix brève :

— Il le faut.

Se levant, il alla à la table, d’un pas ferme, et saisit le pistolet, qu’il arma.

À ce moment, un bruit de pas retentit dans le corridor, et la porte s’ouvrit brusquement, livrant passage à un homme d’une trentaine d’années, au visage mâle orné d’une courte barbe blonde.

Il resta quelques instants sur le seuil, fixant un regard sévère sur le comte qui, son pistolet à la main, semblait en proie à la plus vive surprise.

— Toi, ici ! s’écria M. de Navailles.

— Mon Dieu : oui, répondit l’arrivant ; est-ce que je te dérange ?