Page:Ville - Au Klondyke, 1898.djvu/58

Cette page a été validée par deux contributeurs.
60
au klondyke
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

— Ne peut-il nous servir à faire des voyages d’agréments ?

— Peste ! comme tu prends goût au métier !

Le comte rougit, mais ne répondit pas. Il avait évidemment une arrière-pensée, mais laquelle ?…

C’était l’opinion de Vernier, mais il était trop délicat pour gêner son ami par une question indiscrète. Puisque ce dernier ne jugeait point à propos de s’expliquer franchement, il feignit de se contenter de ce qu’il lui disait et consentit à conserver le navire.

Pendant que les deux amis discutaient ainsi, Loriot et Valentin, assis sur le gaillard d’avant, causaient également de leurs petites affaires, ce qui leur était d’autant plus facile que chacun connaissait maintenant le chiffre de ce qu’il aurait à toucher en arrivant en France.

— Que feras-tu de ton argent ? avait demandé le Parisien.

— Quel argent ? répondit Valentin.

— Mais ta part dans les bénéfices.

— Il ne me revient rien. J’ai accompagné mon maître, parce que c’était mon devoir, mais je n’ai rien à voir dans le succès de l’expédition, si ce n’est que j’en suis bien heureux pour monsieur le comte.

— En voilà du désintéressement !

— En quoi cela t’étonne-t-il ?

— N’as-tu pas travaillé comme nous ?

— Si fait.

— Et tu ne seras point rétribué ?

— Je n’ai pas besoin d’argent, puisque mon maître me donne tout ce qu’il me faut.