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la moisson d’or

décharger les véhicules et de transporter, l’un après l’autre, les sacs d’or qu’ils contenaient, jusqu’à la cime, puis c’était le tour du matériel, après quoi l’on opérait la descente sur l’autre versant, en agissant de la même manière.

Au milieu de toutes ces difficultés, le capitaine Vernier se multipliait, encourageant ses hommes et prêchant d’exemple. Quant au comte, il maugréait contre ces nombreux obstacles et ne s’occupait que de sa propre personne, suivi pas à pas par son fidèle Valentin qui veillait sur lui avec la sollicitude d’une mère.

Quelques jours de marche séparaient encore nos aventuriers de la baie de Mackenzie, quand une pluie diluvienne vint ajouter à leurs embarras déjà si grands. Ils étaient obligés de contourner de véritables lacs. Parfois ils allaient, des heures entières, avec de l’eau jusqu’à la ceinture. Pour combattre le froid qui, dans ce cas, engourdissait leurs membres exténués, le capitaine Vernier faisait préparer du café que l’on avalait bouillant. Il prenait tant de précautions et veillait si bien à tout, que, chose extraordinaire, aucun de ses hommes ne tomba malade. Lorsque l’on faisait halte pour la nuit, de grands feux étaient allumés, et chacun faisait sécher soigneusement ses vêtements, puis un souper abondant était servi, après quoi l’on se couchait tant bien que mal.

— Oh ! mon hôtel de la rue de Varennes ! soupirait parfois le comte de Navailles.

— Tu le reverras, lui répondait son ami ; seulement, il faut le gagner, car il ne t’appartient plus, puisque tes créanciers s’en sont emparés.