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au klondyke
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gret à abandonner les immenses richesses au milieu desquelles on s’ébattait. Il ne fallut rien moins que l’énergie du chef pour décider ses hommes à faire les préparatifs de départ.

— Que regrettez-vous ? leur dit-il. Nos chaloupes sont pleines d’or et nous ne pouvons en emporter davantage. Remettons-nous donc en route sans plus tarder et regagnons le Caïman. Si nous nous attardions ici, nous serions surpris par l’hiver et, alors, adieu le chargement ! Peut-être même ne sortirions-nous pas de cet affreux pays.

Convaincus par ces paroles de leur capitaine, les matelots aidèrent les porteurs à placer les chaloupes sur les affûts, et l’on reprit la route déjà si péniblement parcourue. Mais une déception attendait les aventuriers sur la rive de la rivière Plumée, qu’il fallait traverser pour gagner la rivière Rouge : la première chaloupe que l’on mit à l’eau sombra, et il fallut plusieurs heures pour ramener à terre son chargement.

Le capitaine fit alors alléger les chaloupes des deux tiers de leur cargaison, ce qui nécessita des allées et venues qui prirent deux jours.

Une fois au bord de la rivière Rouge, autre désagrément ; au lieu de remonter le courant, il fallut suivre la rive, puisque les chaloupes n’auraient pu tenir à flot, aussi n’avançait-on que lentement. Parfois, il fallait faire halte pour relever une chaloupe qui venait de verser, ou bien, accident plus grave, pour réparer un affût. Mais où il fallait déployer une énergie surhumaine, c’était pour franchir les montagnes. Presque toujours on était obligé de