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au klondyke

six jours, le capitaine fit débarquer son monde et replacer les chaloupes sur les affûts, puis il guida la marche à travers des défilés tortueux et presque inabordables, jusqu’à la rivière Plumée ; là, on fit halte pour se reposer une journée, après quoi l’on traversa la rivière.

Les aventuriers se trouvaient en face des monts Richardson, au nord du commencement des montagnes rocheuses. À partir de ce moment surgirent des obstacles sans nombre. Après avoir escaladé, en traînant le matériel, des collines hérissées de rocs, il fallait avancer à travers un sol inégal et bouleversé comme à la suite d’un tremblement de terre. Cependant, pas une plainte ne s’élevait : les porteurs s’acquittaient bravement de leur tâche, dans l’espoir d’une gratification ; les matelots quoique souffrant beaucoup du froid, faisaient preuve d’une belle intrépidité.

Un matin, au moment de lever le camp, un marin apporta au capitaine une pierre jaunâtre, grosse comme un œuf d’autruche, qu’il avait trouvée à peu de distance

— De l’or ! s’écria Charles Vernier… Ne partons pas encore, il faut que j’explore les environs.

Il s’éloigna, suivit du comte qui n’avait pu retenir un cri de joie en entendant l’exclamation de son ami.

Après avoir erré dans plusieurs directions, les deux aventuriers remarquèrent qu’en se dirigeant à l’ouest, ils foulaient un sol plus friable et d’une nuance moins foncée.

Soudain, le capitaine s’arrêta comme médusé. Le soleil venait de se lever, et ses rayons semblaient donner à la plaine un reflet doré. Il n’y avait pas à s’y tromper, à perte de vue s’étendait un terrain aurifère, coupé par une petite rivière étroite et sinueuse.