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le caïman
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Malgré les représentations du comte, Valentin avait énergiquement refusé de rester à bord.

— Ma place est près de vous, avait-il déclaré, et je ne vous quitterai pas.

Puis il était allé se ranger à côté de son ami Loriot, dont le nom avait été désigné par le sort pour suivre l’expédition dans l’intérieur des terres.

Les chaloupes, dont plusieurs étaient remplies de vivres et d’outils, avaient été placées sur les affûts, que tiraient, au moyen de cordes, les porteurs indigènes, précédés des matelots qui leur frayaient un chemin.

Après cinq jours d’une marche fatigante, par un froid terrible, on atteignit le bord de la rivière Rouge.

Les chaloupes furent mises à l’eau et les affûts embarqués. Puis lorsque les hommes se furent installés tant bien que mal, la petite flottille commença à suivre le courant.

Dans la première chaloupe se tenaient six matelots, le comte et le capitaine Vernier qui, une boussole à la main, dirigeait sa troupe.

Le soir, on fit halte sur une rive rocailleuse et désolée. Vernier envoya une dizaine d’hommes couper quelques maigres sapins et l’on alluma de grands feux pour combattre le froid mortel de la nuit.

On était en plein été, et Vernier se demandait ce que deviendrait l’expédition si elle devait durer deux ou trois mois, car à en juger par la température actuelle, il était peu probable que des Européens pussent supporter le froid rigoureux de l’hiver. Aussi s’employait-il activement à abréger le voyage le plus possible.

Après avoir suivi le cours de la rivière Rouge pendant