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au klondyke

il montait sur le pont, les matelots de quart le saluaient d’un :

— Bonjour, Valentin !

À quoi il répondait, avec son plus gracieux sourire :

— Bonjour, Messieurs !

En apprenant ce qui s’était passé, M. de Navailles était devenu pâle de colère, car il aimait beaucoup son frère de lait. Sans son ami, il se fût élancé sur le pont pour apostropher les matelots. Charles Vernier lui représenta fort logiquement qu’il n’était, pour l’équipage, qu’un étranger, c’est-à-dire un passager, et que c’était à lui, le capitaine, à s’occuper de cette affaire. Il expliqua au comte que les matelots sont de grands enfants que l’on doit prendre par le cœur et non par des menaces plus ou moins sérieuses.

M. de Navailles se rendit enfin à ces raisons, mais en se promettant bien d’intervenir si les matelots recommençaient à tarabuster son domestique.

Valentin fut le premier à lui faire connaître le changement survenu dans ses rapports avec l’équipage, ce qui lui causa un sensible plaisir, car dans une expédition aussi périlleuse, il est indispensable que l’accord entre tous soit parfait.

Depuis la fameuse soirée où Valentin avait pris son bain forcé, il s’était lié intimement avec Loriot, à tel point que l’on voyait rarement l’un sans l’autre. Le Parisien accablait son ami de protestations d’amitié ; en revanche, ce dernier lui rendait une foule de petits services : il lui cirait ses chaussures et prenait soin de ses vêtements avec des attentions de bonne ménagère. Après le lavage du pont, lorsque Loriot descendait dans l’entrepont, il trou-