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le caïman

poursuivi par les matelots qui lui barrèrent le chemin de l’écoutille. Alors, affolé, honteux de son costume qui n’en était plus un, il se sauva sur le gaillard d’avant, suivi des marins. Se voyant serré de près, il bondit dans les agrès et gagna la vergue de misaine. Le gabier en vigie dans la grande hune, ne comprenant rien au spectacle qu’il avait sous les yeux, cria, au hasard :

— Une voile sous le vent !

Le maître d’équipage, qui sortait de l’entrepont, répéta ce cri, et, en moins d’une minute, le capitaine, le lieutenant et l’équipage furent réunis sur le pont.

Un éclat de rire général éclata comme une bordée à la vue de Valentin qui, cramponné au mat de misaine, à vingt pieds du pont, suppliait qu’on lui jetât un pantalon.

Comprenant en partie ce qui s’était passé, Charles Vernier donna l’ordre qu’on allât quérir le vêtement demandé, et cinq minutes plus tard, Valentin était sur le pont, rouge de confusion et outré de cette dernière plaisanterie.

Le capitaine ne songea pas un instant à réprimander les mauvais plaisants, car il savait que son admonestation n’eût fait qu’aggraver la situation de Valentin. Il se contenta d’emmener ce dernier dans sa cabine et de lui donner une foule de bons conseils pour qu’il pût, à l’avenir, déjouer les plans de ses ennemis.

Valentin écoula avec beaucoup d’attention ce que lui disait l’ami de son maître, et se promit bien de suivre ses instructions.

Comme il avait de l’ordre et de l’économie, il remonta