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au klondyke

octobre dernier, dans les journaux du monde entier, annonçant que des mines d’or d’une richesse inouïe venaient d’être découvertes sur les bords d’une petite rivière du Youkon. Ces articles ont été suivis d’autres donnant les noms de grands financiers ayant organisé des sociétés pour l’exploitation de ces mines.

Attendons-nous donc à apprendre bientôt l’existence de fortunes colossales, à côté des effroyables désastres qui ne peuvent manquer de survenir dans une contrée aussi désolée que le Youkon. Le fauve métal sur lequel, en ce moment, se ruent plus de trente mille hommes, déchaînera probablement bien des haines et fera peut-être couler des flots de sang. Déjà l’on annonce que des combats meurtriers ont eu lieu entre différentes bandes d’aventuriers et qu’une certaine quantité des survivants est bloquée par les glaces, privée de tout. Des sociétés d’alimentation viennent, paraît-il, de leur envoyer des approvisionnements.

Arrivera-t-on à temps ?… Qui sait si on ne trouvera pas ces malheureux morts de faim sur des monceaux d’or, victimes de l’auri sacra fames : l’exécrable soif de l’or.


Paris. Janvier 1898.