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conclusion

connaître son adresse dès qu’il serait installé, afin qu’il pût lui envoyer de temps en temps un de ses plus beaux poissons.

Une dernière poignée de main fut échangée, et le timonier sortit pour se rendre à la gare, d’où le train devait l’emporter jusqu’à Paimpol qu’il avait tant de fois craint de ne plus revoir.

— Largue ta voile, mon gars, murmurait-il tout en marchant, et surtout, veille sur ta cargaison, car c’est ton bonheur et le pain de tes petits.

Et il serrait d’une main frémissante la liasse de billets de banque qui gonflait la poche de sa vareuse.

Vernier, Loriot et Valentin partirent le jour même pour Paris, et un mois plus tard, ils étaient installés dans une jolie villa des environs de Ville-d’Avray, cette charmante localité dont les maisons semblent des nids cachés sous les fleurs.

Vernier, qui avait volontairement brisé sa carrière en donnant sa démission pour ne pas abandonner son ami, vit, là, entouré de la reconnaissance de Valentin et Loriot, choyé par la mère du Parisien, qui lui a voué une affection aussi respectueuse que maternelle.

Parfois, un magnifique poisson prend place sur la table du capitaine, qui déguste en souriant ce témoignage de la gratitude de son ancien timonier.

Quoiqu’il vive dans une retraite absolue, il est souvent visité par un ami avec lequel il cause des heures entières.

Cet ami de son isolement, c’est le souvenir.

Maintenant, aux lecteurs qui douteraient de l’authenticité de cette histoire, je rappellerai les articles parus en