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conclusion
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— J’avais espéré que vous me garderiez près de vous comme domestique. Vous me connaissez depuis longtemps et…

— C’est bien, interrompit Vernier. À toi, Loriot… Où vas-tu aller ?

— À Paris, chez la maman, répondit vivement le Parisien. J’ai eu trop peur de ne plus la revoir, pour la quitter jamais.

— De sorte que tu renonces à la marine ?

— Complètement.

— Deviendrais-tu poltron, toi que j’ai vu combattre comme un enragé ?

— Non, mon capitaine, répondit Loriot avec une gravité qui ne lui était point habituelle, je ne suis pas devenu poltron ; seulement, lorsque j’avais faim, là-bas, dans l’île, il m’est arrivé bien des fois de penser qu’un jour ma mère pourrait endurer cette torture, car je suis son unique soutien, et si je venais à lui manquer

— Tu as donc un métier ? interrompit Vernier très ému.

— Autrefois, j’étais serrurier… C’est par un coup de tête que je me suis engagé dans la marine marchande.

— Combien y a-t-il de temps ?

— Quatre ans, mon capitaine.

— Tu dois avoir quelque peu oublié ton métier ?

— Aussi n’ai-je pas l’intention de le reprendre… Je ferai n’importe quoi, pourvu que je reste avec mère.

— Et vous Baludec, dit Vernier en s’adressant au timonier breton, quelles sont vos intentions ?

— Mon capitaine, dit le timonier d’une voix, lente, il y