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au klondyke
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six heures du soir et il désirait qu’ils se reposassent avant de quitter le Havre.

Il se rendit ensuite au bureau du télégraphe où il expédia à son notaire un télégramme pour le prier de lui faire parvenir de l’argent, les sommes emportées de France se trouvant dans le portefeuille du comte, dont le corps flottait maintenant au gré des vagues de l’Océan Arctique.

Le lendemain matin, dès qu’il eut reçut les fonds demandés, il rassembla ses trois compagnons dans sa chambre.

Comprenant que le moment des adieux était arrivé, ils avaient sur le visage un air de tristesse qui plut à Vernier, car il y vit un indice heureux pour la réussite d’un projet qu’il avait formé quelques heures plus tôt.

— Mes amis, leur dit-il, prenez des chaises et asseyez-vous, car nous avons à causer.

Les trois hommes obéirent silencieusement, se demandant ce que signifiait ce préambule.

Après avoir lui-même pris un siège, Vernier s’exprima ainsi :

— Je ne vous cacherai pas qu’il m’en coûte de me séparer de vous ; pourtant, comme c’est une nécessité, je voudrais faire quelque chose qui gravât mon souvenir dans votre mémoire.

Vernier fit une pause, puis il se tourna vers Valentin :

— Voyons, mon garçon, lui dit-il affectueusement, que comptes-tu faire ?

— Mais… je ne sais pas, répondit Valentin avec un embarras visible… Monsieur le comte étant mort, je suis seul au monde, et j’avais espéré…

— Quoi ?… Achève