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II

le caïman



L e temps était splendide. Un soleil éblouissant dorait la crête écumeuse des vagues de l’océan Atlantique. Le Caïman, joli trois mâts, filait, toutes voiles dehors, sous l’action d’une bonne brise.

Sur le pont, les matelots, gais et insouciants, allaient et venaient, un refrain aux lèvres, tandis que le timonier, assis à la barre, fumait nonchalamment sa pipe.

Appuyé contre le mât de misaine, un homme se tenait immobile, les yeux fixés sur l’immensité des flots. Il était là depuis quelques minutes, quand il sentit une main se poser sur son épaule.

Il tressaillit comme au sortir d’un rêve et se retourna vivement.

— Charles ! dit-il.

— Tu sembles étonné de me voir.

— Pardonne-moi, mais ma pensée était bien loin de ce navire…

— Puis-je te demander vers quelle rive elle s’était envolée !