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le retour en france

peu embrouillés. Il avait alors été remplacé comme orateur par le père Baludec, mais la parole lente et grave du vieux timonier n’avait pas su trouver la note exacte ; ce fut du moins ce que pensa Loriot. Désireux d’éblouir un peu l’équipage de la Belle-Hélène, il narra à son tour l’histoire des deux expéditions.

Tranquille sur le présent, rassuré sur l’avenir, le Parisien avait retrouvé toute la verve gouailleuse qui faisait naguère le désespoir de Valentin.

Il décrivit avec un brio imagé et fantastique la rencontre avec les aventuriers, dont une vingtaine avait succombé sous sa hache, qui prenait alors aux yeux émerveillés de ses auditeurs la forme et les dimensions de l’épée flamboyante de l’archange chargé par Dieu de terrasser le démon.

Après cette première narration, Loriot fit une pause pour reprendre haleine. Pensez donc ! quand on a occis une vingtaine d’ennemis, il est bien permis de se reposer un peu.

Vint ensuite le chasseur canadien, qui avertit Vernier de l’attaque préméditée contre lui. Naturellement Loriot ne s’était décidé à suivre ses compagnons dans leur retraite qu’après avoir vainement tenter de les en dissuader.

Ce fut alors la marche dans la neige, à travers la pénombre, et la traversée des rivières couvertes de glaces. Loriot avait transporté presque toutes les chaloupes, ses camarades le suivant les mains dans les poches, en amateurs.

Une fois dans la baie de Mackenzie, il consacra une