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au klondyke
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itinéraires si explicites que son sauveur s’écria joyeusement :

— Je ne donnerais pas cette carte pour un million !

— Vous auriez tort, lui répondit Vernier, car un million constitue une assez jolie fortune.

— C’est vrai ; mais une vingtaine en constitue une bien plus belle.

— Je crains bien que les malheurs de mon ami ne vous empêchent pas d’être imprudent.

— Rassurez-vous, je ne verrai qu’une fois les bords du Klondyke, mais la visite que je ferai à cette petite rivière sera entourée d’un cérémonial assez imposant pour qu’elle me livre gracieusement une bonne partie de ses richesses.

— Je ne vous comprends pas.

— C’est pourtant bien simple. Au lieu de m’y rendre, comme vous l’avez fait, avec une poignée d’hommes, je vais monter l’affaire par actions et constituer une Société financière qui me permettra d’exploiter cette terre d’or sur une vaste échelle.

— Ma foi, dit naïvement Vernier, cette idée ne me serait pas venue.

— C’est que vous n’avez pas vécu pendant dix ans avec les Américains. En France, lorsqu’on a de l’argent, on aime assez à le placer sur une table pour jouir de sa vue, après quoi on l’enfouit au fond d’un coffre-fort criblé de serrures. En Amérique, au contraire, l’argent est un moyen d’action, un levier puissant grâce auquel les Américains accomplissent des merveilles. Avec les indications