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le retour en france
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complaisent certains hommes jeunes et vigoureux qui traînent dans leur pays une existence précaire, alors qu’un peu d’audace pourrait les faire riches. Par exemple, lorsqu’on a été assez heureux pour culbuter tous les obstacles et voir ses efforts couronnés d’un plein succès, j’estime que l’on doit s’en tenir là et jouir paisiblement du fruit de ses peines. La mort de mon pauvre ami en est, hélas ! une navrante preuve. S’il se fût contenté des cent mille francs de rente que lui avait procuré notre premier voyage, au lieu de dormir au sein des flots, il promènerait son insouciante gaieté dans les salons parisiens, entouré des sympathies que la foule ne refuse jamais à une grande fortune.

— Je conçois jusqu’à un certain point votre renoncement aux richesses incalculables que vous avez eues sous les yeux, mais moi qui n’ai que ma solde…

— Aussi, interrompit vivement Vernier, vous donnerai-je toutes les indications nécessaires pour que vous parveniez jusqu’aux rives du Klondyke.

— Vous êtes un charmant compagnon ! s’écria le capitaine de la Belle-Hélène, en tendant la main à Vernier.

— N’est-ce point naturel ?… Vous nous avez sauvés, mes compagnons et moi ; pourquoi refuserais-je de faire votre fortune ? Ces trésors immenses appartiennent à la terre sur laquelle ils dorment depuis une longue suite de siècles. Les hommes assez audacieux pour leur faire visite n’auront qu’à se baisser pour s’en emparer.

Sur la demande de Vernier, le capitaine lui remit une carte. S’emparant d’une plume, notre ami y traça plusieurs