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au klondyke

Après s’être cramponnés un instant au radeau afin de reprendre haleine, ils se disposaient à plonger de nouveau quand Loriot et Baludec les saisirent par les bras et les firent remonter de force.

Valentin pleurait à chaudes larmes.

Vernier, lui, les yeux hagards, explorait la surface de la mer, espérant apercevoir, vivant encore, celui à qui il avait tout sacrifié.

Mais la vague garda sa proie, et le comte ne reparut point.

Il était mort comme il aurait voulu vivre, un sac d’or entre les bras.

Lorsque Vernier fut bien certain que tout espoir de revoir son ami était perdu, il alla s’asseoir à l’arrière et pleura.

Cet homme de bronze, que nul danger n’avait pu émouvoir, était sans force devant cet irréparable malheur qui le frappait dans la seule affection qu’il eût au monde. Cet ami, qu’il s’était habitué à traiter en enfant terrible, il ne le verrait plus. Cette voix railleuse, il ne l’entendrait plus. Cette main fine et aristocratique qu’il avait tant de fois serrée ne se tendrait plus vers lui.

Il sentit une main se poser sur son bras. Relevant la tête, il vit Valentin à genoux devant lui, le visage inondé de larmes.

À la vue de cette douleur qui répondait si bien à la sienne, il ouvrit les bras, et le fidèle serviteur s’y jeta en sanglotant, comme si leurs larmes en se mêlant dussent être moins amères.

Longtemps ils restèrent ainsi. Enfin, par un violent