Page:Ville - Au Klondyke, 1898.djvu/189

Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
la fonte des glaces

la mort inévitable. Mais il n’en était pas de même du matelot qui se trouvait avec eux.

En proie à une sorte de folie furieuse, il allait et venait, vociférant et gesticulant.

Tout à coup, il s’arrêta en face des sacs d’or et les contempla un instant.

— Maudit métal ! hurla-t-il, c’est toi qui nous a conduits ici !

Et rageusement, il empoigna deux sacs et les jeta à la mer.

— Misérable ! rugit le comte en s’élançant sur le matelot qui venait de jeter à l’eau deux autres sacs.

Mais l’homme le repoussa brutalement et continua de précipiter dans les flots les sacs d’or, avec un rire de démon.

Le dernier sac allait disparaître comme les autres, quand le comte réussit à s’en emparer. Alors commença entre ces deux hommes une lutte terrible dont le sac d’or était l’enjeu. Ils se roulaient sur le radeau, hurlant de fureur, devant leurs compagnons terrifiés.

Le matelot, ayant enfin réussi à ressaisir le sac, s’approcha du bord pour le lancer dans les flots. Mais le comte se rua sur lui avec une telle rage qu’ils roulèrent tous deux dans l’abîme.

Au cri d’horreur qui monta dans les airs, succéda le bruit de deux chutes dans l’eau.

Vernier et Valentin venaient de plonger pour porter secours, l’un à son ami, l’autre à son maître. Mais leur faiblesse était trop grande pour qu’ils pussent se livrer à de longues recherches. Ils ne tardèrent pas à reparaître, le visage livide et convulsé.