Page:Ville - Au Klondyke, 1898.djvu/187

Cette page a été validée par deux contributeurs.
189
la fonte des glaces
 Les corrections sont expliquées en page de discussion

une chance de salut, se livraient à toute l’expansion de leur joie.

Le lendemain Vernier fit transporter sur le radeau les sacs d’or et les vêtements, car le dégel s’accentuait de plus en plus. Les montagnes de glace disparaissaient à l’horizon, et les glaçons quoique nombreux, diminuaient de volume.

On attendit encore douze jours ; puis un matin, l’on remarqua que le radeau se balançait mollement sur l’eau de la baie, tandis que, au loin, les glaçons fuyaient, largement espacés les uns des autres.

Le capitaine annonça alors que l’on allait quitter l’île.

— Comment vivrons nous ? hasarda Baludec, le vieux timonier breton.

Vernier sourit et envoya Valentin chercher les galettes dissimulées avec soin. À cette vue, les malheureux affamés eurent un accès de délire qui ne se calma que lorsque chacun en eut reçu sa part.

— Ménagez-les, leur dit le capitaine, car ce sont nos dernières provisions. Je les ai réservées pour notre séjour sur le radeau, et qui sait ce qu’il durera ?…

Vernier prit sa boussole et divers instruments de marine, puis la case fut évacuée.

Quand l’embarquement des hommes et des objets fut opéré, le capitaine s’assit au gouvernail, fit larguer la voile et couper le câble qui retenait le radeau au rivage.

La voile s’enfla, le mât plia, et le radeau commença d’avancer, insensiblement d’abord, puis un peu plus vite,