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la fonte des glaces

d’une délivrance prochaine. Il y aurait bien encore des épreuves à subir, mais la foi en des temps meilleurs lui donnait la ferme assurance qu’il triompherait des derniers obstacles.

Le jour grandissait. Bien que le froid fut toujours extrêmement rigoureux, chacun se couvrit de son mieux et l’on sortit de la case pour examiner l’horizon.

De tous côtés les glaçons rompus se mouvaient sur la crête des vagues. Au loin, les montagnes de glace oscillaient en se déplaçant lentement, dorées par les rayons obliques d’un soleil rouge comme une boule sanglante, soleil sans chaleur, mais qui jetait néanmoins l’espérance dans cette immensité désolée. Un cri sourd, suivi de la chute d’un corps, tira les aventuriers de l’extase dans laquelle ils étaient plongés. Le maître d’équipage venait de tomber, foudroyé par une congestion cérébrale causée par le froid.

— À la case ! cria Vernier. À la case, sans perdre un instant !

Puis voyant chanceler Valentin, il se précipita vers lui et le prit dans ses bras pour l’emporter, mais sa faiblesse était si grande qu’il ne put atteindre la case qu’en traînant péniblement son fardeau.

En entrant, il aperçut ses compagnons présentant au brasier leurs mains bleuies.

— Place ! dit il.

Loriot s’élança et aida le capitaine à transporter son camarade près du feu, dont la douce chaleur ranima bientôt le pauvre garçon.

Vernier regarda alors autour de lui, et son cœur se