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X

la fonte des glaces



C inq mois se sont écoulés depuis que le Caïman a laissé tomber son ancre dans la petite baie, et l’on chercherait vainement le gracieux navire dont la fine mâture supportait naguère de blanches voiles gonflées par la brise. Une partie s’en est allée en fumée, l’autre, transformée en radeau, attend sur une couche de glace, que le dégel lui permette de se lancer de nouveau sur la mer azurée, non plus, ainsi qu’autrefois, légèrement, mais lourdement, comme si ces pauvres planches devaient porter le poids des souffrances dont elles ont été les impassibles témoins.

Ce radeau avait quinze mètres de long, sur huit de large. Au centre, un mât se dressait supportant une voile carguée. Comme le temps n’avait pas manqué aux constructeurs, il avait été perfectionné autant que le permettaient les maigres ressources dont on disposait.

Au moment de faire naufrage, on assemble tant bien que mal tout ce qui tombe sous la main, car la vague