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au klondyke

Valentin, qui avait vaillamment combattu à côté de son maître, s’était tiré de la bagarre sans la moindre égratignure. Il n’en était pas de même du pauvre Loriot, qui avait reçu un coup de couteau en pleine poitrine. Quoique cette blessure ne fût pas mortelle, elle n’en était pas moins grave, aussi le bon Valentin lui prodiguait-il les soins les plus empressés.

— Courage, mon pauvre Loriot, lui répétait-il ; le bon Dieu ne voudra pas que tu meures pour avoir fait ton devoir.

À quoi le Parisien ne répondait que par un sourire résigné.

Comme il était le plus dangereusement blessé, chacun s’empressait autour de lui afin de le distraire des sombres pensées qui, parfois, faisaient passer un nuage sur son front. On fit tant et si bien que, la jeunesse aidant, Loriot fut hors de danger au bout de quelques jours.

En quittant la France, il y avait, à bord du Caïman, trente matelots, sans compter le mécanicien. Sept avaient trouvé la mort dans la rencontre avec les aventuriers, au bord du Klondyke ; deux étaient morts de froid dans l’île et huit venaient de tomber victimes de leur infamie.

Supputant le temps qui devait s’écouler avant la fonte des glaces, Vernier, après avoir examiné les provisions, fixa la quantité de vivres qui serait distribuée quotidiennement. D’après ses calculs, lorsque viendrait le dégel, on pourrait tenir encore quelques jours ; ensuite, on ne devrait compter que sur la Providence.

Ce point arrêté, il fit démolir le plancher de l’entrepont du navire, et les débris furent entassés dans la case, après