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la révolte

s’assurer qu’il n’était point observé, il passa rapidement de l’autre côté de la toile qui tenait lieu de cloison.

Le comte était encore couché, mais Vernier était debout, roulant une cigarette.

En voyant le Parisien entrer ainsi, le capitaine allait le réprimander vertement, mais le jeune homme mit un doigt sur ses lèvres pour lui recommander le silence.

Ne comprenant rien à cette conduite de son matelot, Vernier le considérait, ne sachant que dire.

— Mon capitaine, dit Loriot à voix basse, il faut que je vous parle, car il y va de votre vie.

— Hein ? fit Vernier abasourdi par cette entrée en matière.

— Je dis qu’il se trame un complot contre vous et votre ami.

Le comte eut un geste de fureur, mais Vernier le contint d’un coup d’œil.

Puis s’adressant à Loriot :

— Assieds-toi là, près du comte, et explique-nous tes singulières paroles.

Le Parisien recommanda à Valentin de faire le guet près de l’entrée, puis il raconta aux deux amis ce qu’il avait vu et entendu.

Lorsqu’il eut achevé son récit, le comte était blême de fureur, mais Vernier, au contraire, était très calme ; seulement, il avait sur les lèvres un étrange sourire.

— Eh ! eh ! dit-il, le Gascon a raison, il y a ici trop de bouches à nourrir. Pourtant j’avoue que cette remarque, je ne l’avais pas encore faite.

— J’espère bien que tu vas brûler la cervelle à ce coquin ? dit rageusement le comte.