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au klondyke

— À minuit. Dans la journée nous préviendrons les amis.

— Pourvu que l’affaire réussisse !…

— C’est comme si c’était fait ; à la condition, pourtant, que l’on soit énergique. Pas de générosité mal placée : ceux qui ne seront pas avec nous seront contre nous, base-toi là-dessus. Maintenant, retournons à la case. Tout le monde doit dormir, on ne nous entendra pas rentrer.

Les deux matelots remontèrent sur le pont, et le bruit de leur pas sur la glace cessa bientôt de se faire entendre.

Alors le Parisien, à demi gelé, sortit de sa cachette.

— Les gredins ! gronda-t-il… Ah ! bandits ! vous voulez tuer le capitaine et ses amis afin de vous approprier leur argent !… Ce n’est pas encore fait.

Il ralluma sa bougie et descendit dans la cale pour explorer les fameux paquets.

Quelle ne fut pas sa fureur en constatant que tandis que le capitaine était forcé de diminuer les rations, du lard et des biscuits étaient entassés là par des misérables. Avec les provisions détournées l’équipage eut pu vivre pendant huit jours.

— Allons, allons, murmura Loriot, il y a un bon Dieu pour les honnêtes gens, et rira bien qui rira le dernier.

Sur cette conclusion, le brave Parisien quitta le navire et s’en fut réintégrer son hamac.

Le lendemain, lorsque le sifflet du maître d’équipage eut fait lever les matelots, Loriot prit Valentin par le bras et, tout en causant à haute voix de choses indifférentes, il s’approcha de l’endroit qui servait de cabine au capitaine et à son ami.

Après avoir jeté dans la case un regard scrutateur pour