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la révolte

Lorsque le Gascon eut fait de la lumière, il reprit son fardeau ; son camarade l’imita et tous deux descendirent dans la cale.

Le Parisien, plus intrigué que jamais, s’avança en rampant jusqu’à l’ouverture béante par où les deux hommes venaient de disparaître et plongea ses regards dans les profondeurs du navire, mais la clarté de la lanterne du Gascon était comme perdue dans l’obscurité, et il ne distingua rien de ce qu’il voulait découvrir.

Alors il prêta l’oreille, mais le bruit des voix n’arrivaient à lui que confusément.

Jugeant inutile de s’exposer à être surpris, il regagna sa cachette, avec l’intention bien arrêtée de descendre dans la cale dès que les nocturnes visiteurs auraient quitté le bord.

Il avait à peine réintégré son poste d’observation que les voix se rapprochèrent, et bientôt les deux matelots reparurent dans l’entrepont.

Au lieu de remonter sur le pont, ils s’arrêtèrent au pied de l’escalier et continuèrent leur conversation, après avoir éteint la lanterne, dont la lueur aurait pu être aperçue à travers un hublot.

— Plus j’y pense, disait le Marseillais, plus je trouve la combinaison dangereuse.

— Poltron ! ricana le Gascon.

— Eh ! mon bon, il y va de la vie. Si nous échouons nous serons fusillés sans pitié. Le capitaine n’est pas un homme commode.

— Je te ferai observer que nous sommes huit.

— Mais je crains qu’au dernier moment les autres ne nous lâchent.