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au klondyke

sa bougie, il se mit à courir de long en long, afin de combattre le froid qui déjà l’engourdissait.

De temps en temps il s’arrêtait pour s’approcher d’un hublot et écouter les bruits de la nuit, puis il reprenait sa course.

On se rappelle que le Parisien avait déclaré la veille à Valentin qu’il voulait savoir à quoi s’en tenir sur la sortie incompréhensible du Gascon et du Marseillais. Il était là depuis une heure, grelottant et claquant des dents, quand un bruit de pas attira son attention.

— Enfin ! murmura-t-il ; je commençais à craindre d’être obligé de battre la semelle toute la nuit.

Ce disant, il se dissimula sous les matériaux qu’il avait amoncelés pour s’en faire une cachette et un poste d’observation.

Il était à peine installé, que des pas résonnaient au-dessus de sa tête, puis une écoutille s’ouvrit, et deux ombres descendirent dans l’entrepont.

— Attends un instant, dit une voix que Loriot reconnut pour être celle du Gascon ; il fait noir comme dans un four.

Le Gascon fit trois ou quatre pas en tâtonnant comme s’il cherchait quelque chose, puis une allumette craqua et la lueur d’une lanterne perça les ténèbres.

Loriot put alors considérer tout à son aise les deux matelots.

En arrivant au bas de l’escalier, ils avaient déposé à terre chacun un paquet assez volumineux.

— Qu’est-ce que ça peut bien être ? pensait Loriot.

Et son regard ardent cherchait à percer les enveloppes de toile.