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l’installation

— C’est louche, en effet… Attention, les voilà qui rentrent.

La porte, en s’ouvrant lentement et sans bruit, venait de livrer passage à deux hommes qui se dirigèrent vers leurs hamacs et s’y étendirent incontinent.

— Il est environ minuit, dit le Parisien. La nuit prochaine, je les surveillerai, car s’ils se cachent c’est qu’ils font mal, et il est indispensable que nous sachions à quoi nous en tenir. Ce Gascon est une mauvaise tête dont je me méfie ; quant au Marseillais, il ne vaut guère mieux.

— Si j’en parlais au capitaine, hasarda Valentin.

— Garde-toi d’en rien faire. Si, comme je le crains, ces gaillards-là trament quelque chose, la mèche serait éventée. Laisse-moi faire et demain nous serons fixés.

— Que crois-tu donc ?

— Rien, si ce n’est que certains hommes sont capables de chercher à sauver leur peau au détriment de leurs camarades.

— Je les défie bien de nous fausser compagnie, dit Valentin avec un triste sourire. Nous sommes si bien rivés les uns aux autres que nous devons fatalement périr ou nous sauver ensemble.

— Tu peux avoir raison, cela ne m’empêchera pas de suivre mon idée ; mais, de ton côté, sois muet comme une carpe.

— Je te le promets.

— Sur ce, allons nous coucher.

Les deux amis se dirigèrent vers leurs hamacs, qui étaient voisins l’un de l’autre, et quelques minutes plus tard, tout était silencieux dans la case.