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l’installation

— Demain. Pour entretenir le feu jusque-là, dites au mécanicien de ramasser tous les morceaux de bois qu’il trouvera dans la case… À propos : que font les matelots en ce moment ?

— Quelques-uns dorment, les autres causent.

— Ne les prévenez pas. Laissez-les prendre un peu de repos. Dans quelques heures, je leur ferai connaître la situation avec tous les ménagements possibles, car le coup sera rude.

Le second salua et alla transmettre au mécanicien l’ordre du capitaine, avec recommandation d’attirer le moins possible l’attention des matelots.

Pourtant, deux hommes savaient la vérité. Ces deux hommes étaient Loriot et Valentin.

Assis un peu à l’écart de leurs compagnons, ils causaient à voix basse et leur pâleur aurait seule pu faire soupçonner ce qu’ils disaient.

— Mon pauvre Valentin, soupirait le Parisien, pour le coup c’est bien fini… Je ne reverrai jamais ma pauvre vieille mère !

— Espère, Loriot, espère, disait doucement Valentin. Pour moi, j’ai le ferme espoir que nous sortirons de ce mauvais pas.

— Mais nous n’avons presque plus de vivres.

— Le capitaine réduira encore les rations.

— Le charbon est épuisé… Vois le mécanicien ; il ramasse soigneusement les dernières parcelles qui sont à terre… Je te le répète, rien désormais ne pourra nous sauver.

Au lieu de répondre, Valentin posa un doigt sur ses lèvres et, se penchant vers son ami :