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le dernier des navailles

la chambre, je pars avec toi… Pour reprendre mon rang dans le monde, il n’est rien que je ne sois résolu à tenter… Mais, une question.

— Dix si tu veux.

— Quelle somme nous faut-il pour organiser cette expédition ?

— Cent mille francs.

— Tu en es sûr ?

— Dame ! il nous faut acheter un navire et le garnir, non seulement de tous les outils nécessaires, mais encore de provisions pour un temps assez long.

— Qu’entends-tu par outils ?

— Des pelles, des pics, des pioches, des fourgons pour transporter l’or jusqu’au vaisseau… Que sais-je encore…

Le comte fronça les sourcils.

— Allons, dit-il tristement, c’était un rêve, et, en fait d’or, il faudra que je me contente d’un morceau de plomb.

— Ah ça ! que signifient tes paroles ?

— Ne t’ai-je pas dit qu’il ne me reste que cinquante mille francs ?

— Si fait.

— Eh bien, comment veux-tu qu’avec cette maigre somme…

L’officier interrompit son ami par un éclat de rire

— Crois-tu donc, lui dit-il, que je l’avais oublié ?… Mais non, rassure-toi, j’ai songé à tout, et je me charge de compléter les cent mille francs indispensables à notre voyage. En mourant, mon père adoptif m’a laissé une trentaine de mille francs, auxquels je n’ai point touché ; pour le