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au klondyke
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— Que voulez-vous ? lui demanda Vernier.

— Capitaine, je viens de brûler le dernier morceau de charbon.

Ces mots, si simples en apparence, avaient une signification terrible. Plus de charbon, c’était la mort imminente, car il était impossible de vivre une heure sans feu, par ce froid mortel.

Le comte avait blêmi.

Quant à Vernier, il avait simplement répondu

— Envoyez-moi le second.

Le mécanicien se retira, et presque aussitôt le second entra.

— Vous m’avez fait appeler ? dit-il à Vernier.

— Oui, car la situation est grave. Le mécanicien vient de m’avertir que nous n’avons plus de charbon.

— Alors, dit froidement le lieutenant, c’est la fin, car aucun homme ne pourrait supporter une pareille température.

— La fin, non ; mais le commencement de la fin.

— Vous jouez sur les mots.

— Pas du tout, car cette fin dont vous parlez, nous pouvons, sinon l’éviter, du moins la reculer le plus possible.

— Par quel moyen ?

— En brûlant le Caïman. En procédant avec économie, peut-être atteindrons-nous l’époque du dégel ; alors il nous restera la chance d’être aperçus d’un navire passant dans ces parages.

— Vous avez raison, il n’y a pas à hésiter… Quand commencerons-nous la démolition du navire ?